Pourquoi préfère-t-on les mensonges bien racontés aux vrais faits ?
Une relique, une rumeur, une légende. Et si on préférait tous les illusions aux preuves ? Quand le storytelling maquille le vrai, que reste-t-il de l'Histoire ?
Lucie Michaut
8/28/20253 min read
Le mensonge est un art. La vérité, un notaire.
Pourquoi préfère-t-on les mensonges bien racontés aux vrais faits ?
Bah, parce qu'ils sont moins sexy pardi !
Laisse moi te raconter un souvenir. De l’autre côté du Bosphore, au cœur d’Istanbul, on expose un joli morceau de bois comme une relique. Le bâton de Moïse, dit-on. Quand je l’ai vu, j’étais émerveillée. J'ai imaginé la scène et tout. La mer s'ouvrant en deux. Le peuple derrière. Le vent qui souffle. La chanson de Mariah Carey et de Whitney Houston - When you believe...
Puis j’ai repris mes esprits (naïveté quand tu nous tiens, on peut bien dire adieu l'intelligence). Comme si le bâton de Moïse avait résister tout ce temps. Bref.
Il fait partie des “reliques sacrées” du palais de Topkapi (prononcé Topkapeu en turc, oui j'ai retenu ce détail). Avec la marmite d’Abraham, le turban de Joseph, l’épée de David et tant d'autres…
Un inventaire biblique, sans preuve, mais sous haute surveillance.
Ces objets ont été rassemblés par le sultan Selim Ier, en 1517, pour affirmer une légitimité religieuse. Des artefacts politiques, plus que spirituels.
De la propagande impériale en vitrine. Parce qu’un bon récit vaut bien tous les certificats d’authenticité. Mais accordons-leur le bénéfice du doute.
Le storytelling fait des merveilles. Surtout dans l’immobilier de prestige. Surtout lorsqu’il se glisse dans les draps d’un hôtel particulier.
Prends un domaine. Ajoute une légende. Un fantôme mélancolique. Un souterrain scellé. Une nuit torride entre une comtesse et un général.
La vérité ? Reléguée aux archives notariales.
Ce qui compte, c’est le frisson. L’impression d’être de passage dans une histoire plus grande que soi. Même principe que pour le Loch Ness.
Zaya Younan, qui rachète des châteaux comme d’autres collectionnent les sneakers, l’a bien compris : “Tout le monde mérite une nuit dans un château.”
Mais pas pour y dormir.
Pour y croire.
On ne vend pas des murs.
On vend une parenthèse.
Même au Louvre, certains murmurent que la Joconde est une copie. Que l’original dort ailleurs, loin des foules, entre deux assurances. Mais la file reste longue.
Personne ne vient pour la vérité.
Seulement pour le show.
Alors, à force de vernir les histoires, repeint-on l’Histoire elle-même ?
Le storytelling est-il un art de transmission ? Ou juste une illusion bien scénographiée ?
Fiat fabula, pereat veritas.
Que le récit advienne, fût-ce au prix du réel.
Entre ce qu'on veut croire, et ce qui est vraiment, il y a souvent un petit fossé.
Et toi, tu préfères les faits, ou les fictions bien racontées ?
Parce que moi, je m’y perds.
Un peu. Trop. Souvent.
La puissance d'un bon récit
Un bon récit dépasse les faits. Il les habille, les enjolive, les rend mémorables. Et tant pis pour la rigueur historique. Ce qu’on retient, ce n’est pas la date. C’est le frisson.
C’est ce moment où l’on se dit : "Et si c’était vrai ?"
Te souviens-tu d'un mensonge magnifique qu'on t'a raconté enfant ?
La fiction comme outil de pouvoir
Chaque objet sacralisé, chaque anecdote spectaculaire a une fonction : légitimer. Le sultan Selim ne collectionnait pas des reliques par passion religieuse. Il construisait une autorité.
Et aujourd’hui encore, les marques, les dirigeants, les institutions utilisent le storytelling comme un levier d’influence. Pas besoin que ce soit vrai. Il faut que ce soit crédible. Même vaguement.
Quand la fiction devient outil, qui en tient la plume ?
Vendre un frisson, pas une preuve
Dans un monde saturé d’informations, ce qui touche, c’est ce qui fait ressentir. Un château sans histoire n’est qu’un bâtiment. Ajoute un amour tragique, une princesse disparue, et le prix grimpe.
C’est le principe du tourisme, du luxe, des musées. On consomme des impressions, pas des vérités.
As-tu déjà payé pour vivre un mensonge assumé ? Et l'as-tu regretté ?
Mini-matrice : Récit vs Réalité
Ce qu'on raconte : Le bâton de Moïse
Ce qui est : Un bois anonyme
Ce qu'on ressent : La mer qui s’ouvre, l’espoir
📝 Journal prompt : "Quelle histoire me touche, même si je sais qu’elle est fausse ? Et pourquoi ?"
La vérité nue n’a pas toujours bonne presse
On ne veut pas seulement savoir. On veut ressentir. On veut vibrer. Quitte à s’éloigner du réel. Et si la vérité nous ennuie, alors oui : on lui préfèrera une belle illusion.
Mais à force d’embellir, peut-on encore distinguer ce qui est de ce qu’on nous vend ?
C’est là toute la finesse du storytelling. Un jeu d’ombres et de lumières. Entre transmission sincère et manipulation douce.
Et toi, où mets-tu la limite entre envoûter et tromper ?
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