De l’anecdote à l’insight : maîtriser le storytelling de marque
Beaucoup confondent storytelling et bavardage. Dans cet article, on explore la différence entre un récit qui sert la marque… et un monologue déguisé en contenu. Vous découvrirez pourquoi raconter sa vie n’est pas toujours pertinent, comment recentrer le discours sur votre audience, et comment transformer une anecdote personnelle en message universel. Un guide clair pour les professionnels du contenu qui veulent écrire moins pour eux… et plus pour les autres.
Lucie Michaut
5/8/20243 min read
Storytelling ou monologue ?
Comment éviter de confondre contenu de marque et bavardage personnel
Le jour où vous avez failli écrire un post sur votre chat…
Ah non. Vous n’avez pas de chat.
Mais vous avez déjà eu cette tentation : raconter une anecdote de votre week-end, partager une tranche de vie, publier quelque chose de “vrai”, de “vous”.
Parce qu’on vous a dit qu’il fallait être authentique.
Mais en marketing, l’authenticité n’est pas un journal intime.
Et ce réflexe peut rapidement vous faire basculer du storytelling… au monologuing.
1. Raconter une histoire n’est pas (forcément) raconter la vôtre
Beaucoup de créateurs de contenu, copywriters ou community managers tombent dans le même piège :
"Je vais partager un moment personnel pour créer du lien."
Oui, mais…
Le storytelling, ce n’est pas parler de soi.
C’est parler de quelque chose à travers soi, pour l’autre.
Prenons deux exemples :
❌ “Ce matin, j’ai renversé mon café… et j’ai pensé à mon tunnel de vente.”
✅ “Il y a un moment précis, souvent banal, où tout vacille. Et si votre tunnel de vente était aussi fragile qu’un mug sur une table bancale ?”
Le premier raconte.
Le second fait écho.
2. Narrateur ou personnage : faut-il choisir son rôle ?
Un bon storyteller ne met pas sa vie au centre. Il se met au service d’un récit.
Prenons l’exemple de Stephen King.
Il ne parle pas de son dentiste ou de sa cuisine.
Il vous plonge dans votre inconscient, vos peurs, vos cauchemars.
Il écrit à partir de vous, pas sur lui.
En communication, la bonne posture n’est pas “regardez ma vie”,
mais “regardez ce que je peux faire avec la vôtre.”
Vous êtes narrateur. Pas héros.
3. Le piège du contenu "café du commerce"
Le monologue, ou “monologuing”, arrive quand :
Vous postez sans objectif clair.
Vous vous racontez sans message structurant.
Vous cherchez l’émotion avant la valeur.
C’est une tentation fréquente sur LinkedIn ou Instagram, où le personnel est valorisé.
Mais à force de “je”, “moi”, “mon ressenti”... vous risquez de parler dans le vide.
Un storytelling efficace capte l’attention, déclenche une émotion, construit un imaginaire.
Un monologue comble le silence.
4. Utiliser l’intime, mais le transcender
L’intime peut être une porte d’entrée.
Mais ce n’est jamais le propos.
Vous pouvez partir d’un souvenir, d’une erreur, d’un instant gênant.
À condition de décaler le regard :
Quel enjeu plus grand cette anecdote révèle-t-elle ?
En quoi parle-t-elle aussi de votre audience ?
Quel enseignement peut-on en tirer ?
Sans ce recul, votre post reste personnel.
Avec lui, il devient pertinent.
5. L’outil pratique : le test du miroir
Avant de publier un contenu, posez-vous cette question :
Est-ce que cela parle de moi… ou à partir de moi, pour les autres ?
La frontière est subtile.
Mais décisive pour capter (et garder) l’attention.
En résumé :
❌ Mauvais réflexe
“Je raconte ma journée”
“Je veux être humain”
“Je partage une émotion"
✅ Bon réflexe
“J’utilise une situation pour éclairer un enjeu”
“Je veux être utile et marquant”
“Je déclenche une émotion chez l’autre”
Pour aller plus loin : questions de fond
Peut-on être à la fois narrateur et personnage d’un bon contenu ?
Jusqu’où aller dans la transparence sans tomber dans le nombrilisme ?
Et si l’on écrivait moins pour se montrer, et plus pour faire voir ?
À faire
Exercice 1 : relire 3 de vos derniers contenus
Sont-ils centrés sur vous ou sur le lecteur ?
Le message est-il clair, universel, utile ?
Quelle part anecdote ? Quelle part valeur ?
Exercice 2 : transformer une anecdote personnelle
1 paragraphe d’anecdote (ancrage)
1 paragraphe de décodage (analyse)
1 paragraphe tourné vers l’autre (transmission)